Quelques poètes
et oeuvres surréalistes cités dans Nadja
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Les sentiments sont
gratuits in Les Champs magnétiques
Trace odeur de soufre
Marais des salubrités publiques
Rouge des lèvres criminelles
Marche deux temps saumure
Caprice des singes
Horloge couleur du jour
André Breton et Philippe Soupault (1897-1990)
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Air
noir in Les Nécessités de la vie et les conséquences
des rêves (1921)
La ville cousue de fil blanc,
Les toits portants cheminées,
Le ciel parallèle aux rues,
Les rues,
La fumée sur les trottoirs,
TROUVAILLE.
Des pas les uns vers les autres,
Le soleil ou la lumière,
Souvenirs de ville,
L'HEURE A L'HEURE,
Du matin, de midi au soir,
Façades et boutiques,
Des lumières pliées dans des vitres,
VEILLER.
Ailleurs,
La nuit enfermée dans la nuit,
Les chiens aboyant à la nuit des chats,
LA FATIGUE.
Paul Éluard (1895-1952)
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La
route de la révolte in Le Mouvement perpétuel (1926)
à André Breton
Ni les couteaux ni la salière
Ni les couchants ni le matin
Ni la famille familière
Ni j'accepte soldat ni Dieu
Ni le soleil attendre ou vivre
Les larmes danseues du rire
N-I ni tout est fini
Mais Si qui ressemble au désir
Son frère le regard le vin
Mais le cristal des roches d'aube
Mais MOI le ciel le diamant
Mais le baiser la nuit où sombre
Mais sous ses robes de scrupule
M-É mé tout est aimé
Louis Aragon (1897-1982)
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Récit de rêve
du 16 au 17 juin 1926 in Nouvelles hébrides
Je me promène sur un boulevard que je reconnais subitement :
c'est le boulevard de Courcelles devant l'entrée principale du
parc Monceau. J'ai la sensation de présences inquiétantes
autour de moi. Ces gens m'entraînent dans un hôpital.
La salle de l'hôpital n'est qu'un amphithéâtre au centre
duquel se trouvent la chaire du professeur et une étagère
chargée de plâtres comme on en voit dans les cours de dessin.
Un homme barbu nous parle longuement de la guerre de Cent Ans. A cet instant
précis, je découvre que je suis en train de devenir fou
et que je suis dans un asile. Je sors dans la cour qui ressemble à
une cour de caserne. D'un côté s'ouvrent les écuries
aux portes desquelles apparaissent des têtes de chevaux. Au mur
sont scellés des anneaux. Des sonneries de clairon retentissent
à tout moment. J'ai de plus en plus la certitude de devenir fou
et j'en constate les symptômes dans mon esprit au fur et à
mesure que l'homme barbu les énumère autour de moi.
Tout cela sous un ciel nuageux de fin d'après-midi, un ciel d'orage
sur le point d'éclater.
Robert Desnos (1900-1945)
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Allô
in Je sublime (1936)
Allô
Mon avion en flammes mon château innondé de vin du Rhin
mon ghetto d'iris noir mon oreille de cristal
mon rocher dévalant la falaise pour écraser le garde champêtre
mon escargot d'opale mon moustique d'air
mon édredon de paradisiers ma chevelure d'écume noire
mon tombeau éclaté ma pluie de sauterelles rouges
mon île volante mon raisin de turquoise
ma collision d'autos folles et prudentes ma plate-bande sauvage
mon pistil de pissenlit projeté dans mon ¦il
mon oignon de tulipe dans le cerveau
ma gazelle égarée dans un cinéma des boulevards
ma cassette de soleil mon fruit de volcan
mon rire d'étang caché où vont se noyer les prophètes
distraits
mon inondation de cassis mon papillon de morille
ma cascade bleue comme une lame de fond qui fait le printemps
mon revolver de corail dont la bouche m'attire comme l'¦il d'un
puits
scintillant
glacé comme le miroir où tu contemples la fuite des oiseaux-mouches
de ton regard
perdu dans une exposition de blanc encadrèe de momies
je t'aime
Benjamin Péret (1899-1959) |
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