Lettre 13 Date : 17/12/1926 [Pneumatique] | |
Paris le 17/12/26 |
|
Lettre 14 Date : 23/12/1926 | |
André, J’ai perdu, c’était prévu, n’est-ce pas… d’après vous ! et ce n’est pas tout. La fatalité veut que ça aille au plus mal. J’ai été mise à la porte de mon hôtel ce matin… parce que je suis pauvre… et que je me moque par trop de l’argent. C’est le patron de l’hôtel qui m’a dit cela !!! Convenez cher ami qu’il y a vraiment de quoi vous faire ouvrir les yeux !!! Riez – de ce bel éclat – mon grave ami et si vous ne pensez pas comme l’hôtelier, convenez du moins que c’est bizare mais revenons au sujet. Ne venez plus me chercher rue Chéroy. Je suis maintenant sans domicile… et comme vous êtes justes et ordonné, vous me classerez maintenant chez les voyoux ( ?) Eh bien c’est pas si mal, c’est d’ailleurs ce que je ferais si j’étais à votre place. Seulement comme en tout temps malheur est bon, sachez que celui-ci me servira. Il n’y a rien de perdu dans la vie. Qu’une chose soit estimée ou non. Qu’elle soit sacrée ou détestée. Que sais-je encore. Il y a tant de sentiments bons ou mauvais qui cachent parfois un miroir pur ! Crédulité – Enfantillages – Jeu – Sortilège – bonheur – malheur et toutes les autres couleurs d’une vie animée. Qu’importe Un souvenir est là – puissant – maître – dangereux qui envoûte et qui reflète dans tous les mouvements du système. Je vous demande pardon de n’avoir pas pu faire d’autres dessins, je n’avais pas la main. C’est drôle d’être à ce point nerveuse, et ce n’est pas des images qui me manquent – oh non alors – ni – ni – ni – fini – C’est mieux car il faut être malgré tout un très fier voyou. Votre Nadja Le 23/12/26 Et si par hasard ! je rencontre Proserpine ! Que lui dire ? Satan. |
|
Lettre 15 Date : 30/12/1926 [Pneumatique] | |
Paris le 30/12/26 André, Je ne t’ai pas écrit ni téléphoné, mais je n’ai reçu aucun message de ta part. C’est vrai aussi que je pars tôt maintenant, peut-être trouverai-je ce que je désire tant en rentrant. Tu sais, ce n’est pas facile de trouver une autre chambre, et j’en reste toute crottée. Je te mets d’ailleurs la liste des chambres libres. Tu me diras – si –si – il faut. Tu comprends c’est mieux. Je serais si contente que tu me donnes un conseil, mon André, tu sais, [et dans le coin supérieur gauche] n’est-ce pas, tu sais trop bien, je t’attends. Nadja [ajouté en superposition du texte :] Ne faites pas attention. Je n’arrive plus à vous causer, méchant gueux ( ?) Je veux te voir. Tant pis, je suis nerveuse, mon André, jette cette lettre au feu. |
|
Lettre 16 Date : 30/12/1926 (?) | |
[Au recto, une liste d’adresses d’hôtels
et de pensions, assortie de quelques commentaires. Au verso :] ect. J’en ai comme ça vu des tas hier. Tu sais c’est diff. Demain je verrai encore dans la matinée, mais c’est loin et je n’ai rien trouvé à Passy, c’est très cher, 750-1000 frs. 550 frs pas grand-chose pour ce prix. Ne connais-tu vraiment un endroit où je serais bien pour penser très tendrement à mon grand rêve, où je pourrai enlaçer quelque chose de plus vrai dans l’infini de mon âge doré (je t’aime). Je rentre chez moi ce soir contre mon gré et je n’avais jamais pensé autant à Cambronne que ces derniers temps. M’amour pardonne. Viens, je n’ose. Ta Nadja [sur le dessin d’une paire d’yeux.] |
|
Accueil |